Quand on évoque le système lymphatique, on sait rarement à quoi ça correspond : on peut évoquer des tissus lymphoïdes comme l’appendice ou la rate sans savoir qu’ils appartiennent au système lymphatique, on peut considérer les vaisseaux lymphatiques ou les ganglions lymphatiques sans connaître vraiment leur rôle dans la physiologie, on peut encore recevoir un drainage lymphatique juste pour le plaisir, sans faire le lien avec la protection immunitaire… Et pourtant, ce système joue un rôle fondamental dans l’équilibre du milieu intérieur et l’immunité.
Dans cet article, je vous propose de découvrir véritablement ce qui se cache derrière ce système lymphatique, tant en termes d’organes que de fonctions physiologiques.
La structure globale du système lymphatique
Le système lymphatique comprend la lymphe, liquide clair qui circule dans les vaisseaux lymphatiques, et un certain nombre d’organes annexes rassemblés sous le terme de tissu lymphoïde.
5 à 6L de lymphe circulent à travers le circuit lymphatique. Lymphe vient du latin lympha qui signifie eau. Il correspond à une part du plasma sanguin qui a filtré à travers les vaisseaux pour se retrouver au niveau interstitiel, entre les cellules, et qui, en excès, va être été réabsorbé puis drainé dans les vaisseaux lymphatiques.
Les vaisseaux lymphatiques ressemblent aux veines dans leur structure, bien que leurs parois soient plus fines et les valvules qu’ils contiennent plus nombreuses. Ces valvules ont pour fonction d’empêcher le reflux du liquide à l’intérieur des vaisseaux.
Le tissu lymphoïde regroupe les organes annexes que sont la moëlle osseuse, le thymus, les ganglions lymphatiques, la rate, les amygdales, les plaques de Peyer et l’appendice, sur lesquels nous reviendrons plus tard.
Les fonctions du système lymphatique
Le système lymphatique assure trois grandes fonctions :
- Il draine le surplus de liquide interstitiel au niveau des tissus ;
- Il transporte les lipides alimentaires, les vitamines liposolubles (A, D, K et E) et des résidus métaboliques (résidus protéiques non digérés et débris cellulaires) jusque dans le sang ;
- Il est impliqué dans la réponse immunitaire par la production des lymphocytes et grâce à la présence des phagocytes dans les ganglions.
Le circuit lymphatique achemine ainsi la lymphe des capillaires lymphatiques, au cœur des tissus, vers les vaisseaux lymphatiques, les nœuds lymphatiques et les troncs lymphatiques jusque dans la circulation veineuse, au niveau de la veine cave supérieure.
Le circuit lymphatique est séparé en deux conduits : le conduit thoracique qui draine toute la partie inférieure du corps et la partie gauche du buste ainsi que le bras gauche, et le conduit lymphatique droit, qui draine la partie droite du buste, le bras droit.
Comment circule la lymphe ?
La circulation de la lymphe est très lente : le débit dans les capillaires lymphatiques est évalué à 0,07 cm3/sec alors qu’il est de 10 cm3/sec dans les veines et 25 cm3/sec dans les artères à la sortie du cœur.
En effet, il n’existe pas de pompe métabolique pour actionner la circulation de la lymphe à la manière où le cœur actionne la circulation sanguine. La progression de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques est liée à deux processus majeurs :
- La contraction des muscles volontaires, autrement dit la mobilisation physique ;
Marcher permet donc de faire circuler la lymphe (de même que le sang veineux) ;
- Les variations de pression liées à la respiration : à l’inspiration, le diaphragme (le plus grand muscle inspirateur) descend vers l’abdomen, créant une dépression thoracique qui permet le déplacement de la lymphe de l’abdomen vers le thorax ; à l’expiration au contraire, le diaphragme remonte, ce qui génère une dépression abdominale qui permet la circulation de la lymphe des membres inférieurs vers l’abdomen.
Ainsi, une respiration ample et profonde est bénéfique à la circulation lymphatique (comme au retour veineux).
Les organes du tissu lymphoïde
Les organes du tissu lymphoïde sont disséminés dans tout le corps. Ils sont dits primaires s’ils sont le lien d’acquisition de l’immunocompétence, c’est-à-dire la capacité à produire une réponse immunitaire. C’est le cas du thymus et de la moëlle osseuse. Ils sont dits secondaires s’ils sont le lieu où se manifeste la réponse immunitaire. Ce sont la rate, les ganglions lymphatiques, et les tissus appelés MALT ou formations lymphoïdes associées aux muqueuses : végétations, amygdales, appendice, plaques de Peyer.
Dans la moëlle des os plats et longs, chez l’adulte, sont produits les lymphocytes : lymphocytes B matures et lymphocytes T immatures.
Le thymus est en quelque sorte le site de sélection et d’entrainement des lymphocytes T. Le thymus est particulièrement actif en début de vie puis involue avec l’âge.
Les lymphocytes B et T matures migrent vers les organes lymphoïdes secondaires et font partie des défenses immunitaires de l’organisme.
Les ganglions lymphatiques (ou nœuds lymphatiques) sont environs 600 petits organes en forme de haricot. Ils sont répartis le long des vaisseaux lymphatiques, et sont souvent regroupés en amas. Vous connaissez sans doute les ganglions lymphatiques mammaires, ceux de l’aine et des aisselles. Ces ganglions filtrent la lymphe et détruisent les substances étrangères qui s’y trouvent.
La rate se loge entre l’estomac et le diaphragme, à gauche. Elle constitue à la fois une réserve de sang (environ 350 mL de sang qui peuvent être libérés en cas d’hémorragie) et de thrombocytes (ou plaquettes, impliqués dans la coagulation), et un organe immunitaire qui filtre le sang et détruit les germes qui s’y trouvent. C’est également un site de multiplication des lymphocytes, en cas d’infection.
Le MALT correspond à des amas de tissu lymphatique dispersés dans le tissu conjonctif des muqueuses, en particulier au niveau du tube digestif (Plaques de Peyer), des voies aériennes (amygdales et végétations), des conduits urinaires et génitaux. Ce sont comme des postes avancés de l’immunité, situés de manière stratégique au niveau des frontières de l’organisme, sièges des échanges entre l’extérieur et l’intérieur (voies respiratoires et muqueuse intestinale).
Il est important de noter que 70% des cellules immunitaires se trouvent ainsi au niveau de l’intestin, faisant de cet organe le siège majeur de notre immunité.
Le rôle du système lymphatique dans la santé
Le système lymphatique, en tant que système de drainage et de purification du milieu intérieur comme en tant que système majeur de l’immunité, joue un rôle primordial pour notre équilibre de santé.
L’approche naturopathique comprend l’apparition des symptômes comme la résultante d’un état d’encrassement de l’organisme : les déchets métaboliques s’accumulent dans le sang et la lymphe, d’abord, et sont responsables des symptômes aigus ou crises d’élimination, puis ils se déposent peu à peu dans les tissus et entravent de plus en plus les fonctions physiologiques, ceci correspondant aux symptômes fonctionnels et chroniques ; enfin, ils finiront par s’accumuler à l’intérieur des cellules, aboutissant à des processus pathologiques plus profonds, mutation et dégénérescence.
L’ensemble du système lymphatique nous préserve de cette accumulation de toxines et de toxiques, par la fonction de drainage du sang et de la lymphe, et par les réactions de l’immunité.
Prendre soin de son système lymphatique, stimuler sa circulation nous appartient pour prendre soin de notre santé.
Comment stimuler la circulation lymphatique et préserver ainsi son intégrité humorale et fonctionnelle ?
Le premier levier pour activer la circulation lymphatique est l’activité physique. C’est la contraction musculaire qui va faire pression sur les vaisseaux lymphatiques pour faire circuler la lymphe. Bougez ! On ne le dira jamais assez ! Chaque jour, marchez, courrez, sautez, dansez… Faites-vous plaisir et faites circuler ! Si en plus vous marchez dans l’eau, si vous nagez, la pression de l’eau sur votre corps opèrera un drainage lymphatique supplémentaire.
Le deuxième activateur de la circulation lymphatique, c’est la pompe respiratoire. Respirez simplement, respirez profondément, respirez à pleins poumons ! Certes, vous respirez en permanence, souvent sans y penser. Mais cette respiration automatique est souvent étriquée, raccourcie par le stress et les tensions qui se logent au niveau du diaphragme. Prenez un temps chaque jour pour ne rien faire d’autre que respirer, en conscience, en présence à votre souffle. Allongez-le, amplifiez-le ! En plus, cela agira positivement sur votre système nerveux et la régulation de toutes vos fonctions autonomes (digestion, cœur).
Vous pouvez également pratiquer chaque jour le brossage à sec de la peau. Cette technique issue de la tradition ayurvédique permet de prendre soin de sa peau et de stimuler la circulation lymphatique. A l’aide d’une brosse spécifique en poils naturels, brossez doucement votre corps, en remontant des pieds vers le cœur, ainsi que des mains vers le coeur, en suivant la circulation lymphatique. Vous pouvez effectuer des petits mouvements circulaires. Vous pouvez réaliser le brossage à sec chaque jour avant de prendre votre douche.
Pour en savoir plus, écoutez l’épisode du podcast Prendre soin de l’être consacré au brossage à sec.
Les massages sont également des moyens agréables de stimuler la circulation. Le drainage lymphatique vise spécifiquement à favoriser la circulation de la lymphe et à résorber les lymphœdèmes. Les massages à visée circulatoire vont à la fois stimuler le retour veineux et la circulation lymphatique.
Certaines huiles essentielles ont la propriété d’être lymphotoniques. C’est le cas par exemple de l’huile essentielle de cèdre de l’Atlas, qui peut rentrer dans la composition d’une huile de massage spécifique.
La naturopathie peut vous accompagner et vous soutenir dans la mise en place de toutes ces ressources d’hygiène de vie, tout en instaurant une hygiène alimentaire propice à éviter les surcharges métaboliques et l’encrassement de l’organisme. Des propositions simples et efficaces pour préserver sa santé et renforcer son immunité.